dimanche 5 septembre 2010

Loire II : Angers


Le château d'Angers a une architecture spéciale, ses murailles étant faites de calcaire blond, et d'ardoise. Il offre en spectacle ses tours d'une alternance de couleurs assez particulière. A Angers, ancienne capitale de l'Anjou, on oublie pas le "Bon Roi René", auquel le château d'Angers est lié, ni l'histoire un peu plus obscure du comté-duché si on se penche surtout sur l'histoire de France en ses grandes lignes.

Ce château a la particularité d'être bourré d'anecdotes. On se rappelle, par exemple, l'existence d'un apprenti architecte maladroit, Jean le Brave, qui, suite à une erreur, fit bâtir le châtelet -que l'on voit ci-contre- de travers. Son maitre, pour le sauver d'un châtiment, convainquit que l'asymétrie était issue d'un style prisé à l'étranger. Cette justification le sauva, pour quelques jours seulement, puisqu'il mourut peu après dans un effondrement.

Ou, encore, Henri III qui fit rabaisser les tours de quelques mètres, sachant que son ami Gontrand le Doux, atteint de somnambulisme en était tombé en pleine crise. Comme il était lui-même somnambule on le comprendrait, cependant... Les tours ne font environ, désormais, qu'une vingtaine de mètres, à cause de cette décision visant à réduire les risques de morts.

Jacques le Gentil qui participa à l'aménagement du château en prison, avant d'y finir lui-même suite à une erreur judiciaire, avant d'être dévoré par d'autres détenus quelques jours après son emprisonnement.

Ou bien ces douves, non pas emplies d'eau mais bien... de bêtes d'élevage, de cultures et d'animaux exotiques qu'on se plaisait à exhiber.

Mais l'un des principaux attraits du château aujourd'hui est la présence de la tapisserie de l'Apocalypse, dans un état remarquable. Sur cette tenture commandée par Louis 1er d'Anjou et tissée en 7 ans seulement, on remarque tout de suite la démonisation de l'ennemi de l'époque et de la contextualisation de l'Apocalypse dans l'ère du temps. La guerre de 100 ans y avait laissé sa marque, et cette tapisserie servait la propagande du royaume de France en le liant au divin et à Saint-Jean qui écrit ses visions sous les étendards français. La bête de la terre, un lion avec sceptre et couronne, ou la bête de la mer, un lion à sept têtes venu de la mer, sont des références parlantes. On remarque aussi la récurrence des symboles liés au duché d'Anjou, dont les fleurs de lys et les emblèmes.

Également, la nuance de définition entre apocalypse (qui veut dire "révélation") de l'époque et celle de nos jours est frappante. On ne voit pas l'apocalypse comme une destruction pure et simple, mais une période de chaos et de destruction de ce qui est impur, précédent l'érection d'un monde meilleur soit le retour du paradis terrestre et l'avènement de la "Jérusalem céleste". L'apocalypse est, grossièrement, ce par quoi le mal est entièrement chassé, la fin des nuances entre bien et mal dans lequel le monde surnage. La fin, en somme, de l'insécurité. De ce qui reste de ses 100 mètres de large et 4 mètres de haut, c'est une forte impression de la complexité de cet ouvrage. Visitant la galerie où est étendue la tenture, nous entrons en contact avec, à la fois, une vision divergente de la nôtre sur le terme fort de l'apocalypse et, à la fois, un travail de propagande de l'époque des plus impressionnants.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire