jeudi 12 août 2010

Le Château Ducal


Situé en plein coeur de Caen, le Château dédié au duc de Normandie se dresse. Il s'agit de l'un des plus grand château d'Europe, dans lequel trône désormais maints reliefs historiques mais aussi le musée des Beaux-Arts de Caen.

Ce château d'ampleur a été bâti selon le désir de Guillaume le Conquérant. Cette volonté est née du désir de faire de Caen sa capitale afin de garder une mainmise sur ses barons rebelles.





Ci-contre, l'Église St-Georges, bâtie en même temps que le château, au 11e siècle, et rénovée après les bombardements anglais du 15e. A l'intérieur on discerne encore faiblement la peinture sur la pierre, puisque comme toutes les églises d'importance de son époque, la pierre des murs, des piliers et de la voute était peinte. Des motifs peints, il ne reste pas grand-chose, quelques couleurs et quelques traits néanmoins pour rappeler le faste d'autrefois.






Dans la cour du château, une grue bâtie sur le modèle de l'époque par quelques stagiaires-charpentiers dotés d'un projet ambitieux : recréer un outil représentatif de ceux existants il y a environ un millénaire.






En outre, un autre aspect caractéristique du château normand demeure les reliefs de son donjon, immense : aussi vaste que le sont des châteaux plus modestes, que l'on retrouve plus fréquemment, de ci de là en France.

Plages du Débarquement



Voici quelques photos du voyage que nous avons fait sur les côtes normandes. Nous avons décidé de prendre une journée pour voir les fameuses plages où ont eu lieu les débarquements américains, canadiens et britanniques.

Ces plages, on présume leur sable gris, leur allure austère, voire sinistre. Pourtant je me suis trouvée étonnée en tombant, un jour particulièrement ensoleillé, sur des plages magnifiques au sable fin, bordant pourtant la manche. Je dois admettre que j'ai été étonnée de leur apparence, sans doute est-ce un préjugé de touriste qui en vint à tomber.


Nous avons pu voir de près les plages d'Omaha Beach, où ont débarqués les troupes américaines, ainsi que la plage de Gold où ont débarqué les britanniques. Ils y ont d'ailleurs créé un port artificiel puisque les ports occupés étaient des forteresses inexpugnables. Quelques reliefs de barbelés rouillés rappellent que ces plages et ces champs coquets qui les surplombent n'ont pas toujours été les paysages idylliques dont ils présentent désormais le visage.

En surplomb des plages se trouvaient des batteries d'artillerie, protégés par des bunkers dont certains sont encore en état à ce jour. Dans l'un d'eux, les restes d'un canon, couvert de rouille, sa base gisant dans une mare d'eau croupie ou surnagent quelques détritus. L'époque est loin où il pouvait envoyer par le fond un navire situé à 20 km de distance. Il offrirait un triste spectacle, faisant abstraction de sa nature meurtrière.


Sur l'ancien champ de bataille, on parle français, anglais, allemand, notamment. Signe sans équivoque que, sur les lieux de la première altercation, il n'y a pas d'obstacle à la réconciliation.






A la pointe du Hoc, un site d'exception puisqu'il s'agit du seul endroit du débarquement où l'arrière-pays n'était pas plat, il ne reste que peu de traces des événements. Quelques barbelés rouillés, masqués par la végétation. Même la colline qu'ont gravi les soldats américains n'est désormais plus la même.


Dans les cratères du dernier site, le guide peste contre les gamins qui courent dans les cratères d'obus, laissés tels quel après les bombardements. Les lapins aussi, remarquez. Enfants et lapins ont, en ce qui concerne ces cratères, la même insouciance bienheureuse en y laissant leurs traces. Dégradant le site, certes, comme le fait remarquer le guide, accélérant les affres du temps sur ce pan de terre laissé au quatre vents. Triste pour les férus d'histoire, il ne s'agit que de la nature qui reprend ses droits. Les signes des horreurs qui s'effacent d'eux-mêmes, cessent d'être en évidence sur le sol et dans les mémoires. Il en va de même pour les souvenirs et les reliefs de toutes les guerres. La question que relèvent ces vision est : doit-on déplorer la ruine des reliefs d'un conflit, va-t-elle de pair avec la dissolution des souvenirs? L'effritement des constructions est souvent synonyme d'oubli, en va-t-il de même pour l'effritement des destructions?

Le Tour du Mont Blanc ou TMB

Première semaine du mois d'aout : nous partions, paquetage au dos, pour une grande randonnée, le Tour du Mont Blanc, aussi appelé familièrement et amicalement TMB.

Malgré le fait que, pour moi, le tour ait été un demi-tour, sachant qu'une intoxication m'ait arrêtée à mi-chemin, l'expérience a été exceptionnelle. J'en ressors ébahie par les paysages que mon regard a pu embrasser et édifiée à propos des sources de montagnes qui, même à 1900 mètres ne seraient pas toujours pures, quoi qu'on en dise. Je suis donc rentrée, mais je ne renie pas pour autant la grande randonnée. Je dis donc à la montagne que c'est à charge de revanche. Lestée de filtres d'eau en plus, je reviendrai. Ne reste plus qu'à pousser un rire machiavélique pour l'effet dramatique, bien que je doute que ce serment effare la moindre montagne (fort heureusement).

Après le départ de Contamines-Montjoie, nous avons parcouru une étendue plane. On semblait, dans le parcours villageois précédant les gorges Notre-Dame, s'étonner de notre lourd paquetage. Plus de familles sorties pour la journées ou la matinée, voyageant léger, croisaient notre chemin que de randonneurs engagés dans un périple de quelques jours. La première montée assez raide me fait reconsidérer le rythme, pas le choix avec une quinzaine de kilos en plus (sur le dos et amovibles, encore heureux).

Avec la première journée (commencée tardivement il est vrai) s'acquièrent les habitudes et le rythme de croisière.Il nous arrive de croiser, de temps à autre, une source d'eau digne de figurer dans les publicités d'eau embouteillée. On nous avait juré que dans le massif nous ne manquerions jamais d'eau et le massif semblait bien décidé à faire honneur à cette promesse. En règle générale, au dessus de la zone de croissance des feuillus et de passage des troupeaux d'alpages, soit environ 1500 mètres, l'eau est pure et potable. Et empreinte d'un indéniable charme bucolique il faut dire.

Le premier repas passé, nous parcourrons une étendue de pâturages qui s'étendent en contrebas du col du Bonhomme, vers lequel nous nous dirigions. On y remarque certains chalets d'alpages, quelques troupeaux. Plus nous montons dans le parc naturel des Contamines, plus ils se font rares.

Bien que durant la matinée, le temps était déjà aux averses sporadiques, le temps se couvre davantage durant l'après-midi. Vers les 15h, au moment où nous sommes engagés dans la montée du col du bonhomme, le ciel se plombe puis des trombes d'eau commencent à le crever. Les sifflements aigus des marmottes se taisent, ou bien tout absorbés que nous sommes dans la montée, nous ne les entendons plus.

C'est à demi trempés que nous arrivons au sommet du Col du Bonhomme. Nous profitons de la présence d'une cabane minuscule, simple abri en cas de mauvais temps, pour reprendre notre souffle et nous réchauffer un peu. Nous nous y entassons avec d'autres randonneurs. On s'y retrouve à quatre ou cinq, le col est un passage très fréquenté et y convergent de multiples parcours. En un an, pour trois parcours différents, Ivan l'a franchi pour la troisième fois.

L'abri, tout minuscule qu'il soit, est un univers polyglotte. Oui, Yes, Ja, et Da, même, comme nous confirment le couple qui nous demandent leur chemin vers le col de la Croix du Bonhomme en anglais, avant de poursuivre leur conversation en langue slave. Les murs de l'abri eux-mêmes parlent. Le bois foncé est propice à la gravure. Après l'ascension, il est d'autant plus fréquent que l'on se rengorge d'avoir été là et que l'on veuille laisser sa marque, nous permettant de saluer l'effort de randonneurs de toutes origines, fait d'hier ou qu'il soit daté d'il y a 30 ans, au fil de la lecture des lettres, chiffres ou idéogrammes nous tombant devant les yeux.

L'heure tournait et nous nous trouvions toujours en plein nuage. Il nous fallait continuer notre route vers le col de la Croix du Bonhomme. C'est à ce moment que la pluie se mua en orage, avec les précipitations abondantes qui l'accompagnent. L'orage est le fidèle ennemi des randonneurs, surtout lorsqu'ils n'ont pas d'abri et qu'ils sont exposés, ce que nous étions, nous avons donc accéléré la cadence. Notre tâche s'est aussi trouvée compliquée par l'eau de l'averse qui rendait boueux le chemin et gonflait le torrent que nous avions à traverser.

Notre parcours vers le refuge du Col de la Croix du Bonhomme, situé à près de 2500 m d'altitude, ne se fit pas sans fatigue et lorsque nous avons abouti dans le refuge, nous étions trempés au point de tordre nos vêtements et frigorifiés.Seul refuge dans les environs, à cheval sur le passage du col, il fallut payer le prix fort(selon les tarifs en vigueur dans les refuges) pour trouver là-bas l'assurance d'un abri et de chaleur pour la soirée et la nuit. Mais le privilège de sécher un peu et de poursuivre la randonnée sans souffrir continuellement de l'humidité, que nous n'aurions pas eu si nous avions déplié la tente sous la pluie, valait bien les 20 € que nous avons déboursé. Comme quoi même à 2400 mètres passés, nous pouvons nous faire rappeler la leçon d'économie élémentaire liant la hausse des coûts à la rareté.

Le lendemain, la matinée s'est un peu étirée à cause de l'intempérie qui se poursuivait. Vers les 8h30, malgré le brouillard persistant, la pluie a cessé, nous laissant la trêve nécessaire pour nous esquiver sitôt nos effets ramassés. Alors que nous descendions de l'autre côté du col, vers les chalets de la Raja, en direction du village des Chapieux, le ciel s'est soudain dégagé, nous permettant de voir dans le lointain le refuge que nous avions quitté. Du rocher nu jouxté d'un peu d'herbe et de mousse se trouvant à 2500 mètres, nous avons vu le paysage et la végétation se transformer de nouveau au fil de la descente, retrouvant des herbes plus hautes, observant le retour des arbres, des troupeaux et de l'activité humaine sur notre chemin alors que nous parcourrions un dénivelé de 1000 mètres en descente.

Après avoir traversé le minuscule village alpin de Chapieux, nous avons emprunté une longue route goudronnée se dirigeant vers Ville-des-Glaciers. Le chemin parcouru par des navettes entre les deux villes semblait monotone, après le passage sur les sentiers escarpés. Cependant, quelques fraises sauvages croissant sur le bas-côté de la route asphaltée nous ont aidé à tromper à la fois la faim et l'ennui, ainsi que la vue impressionnante sur la vallée située en contrebas.

Au terme du chemin, nous nous sommes retrouvés à Ville-des-Glaciers, une agglomération encore plus petite que la précédente au pied de l'Aiguille des Glaciers. Derrière la petite chapelle laissée à elle-même, nous avons sorti le réchaud et avons préparé de quoi casser la croute.

Cependant le saucisson que nous avions emporté avec nous au début du voyage nous aura quitté sur place, emportés par quelques chiens locaux qui profitèrent du moment où nous récurions gamelles et couverts pour nous le chiper.Après avoir fait le deuil de ce compagnon de voyage, nous avons entrepris la montée vers le col de de la Seigne, faisant office de frontière entre la France et l'Italie. Au gré de l'ascension nous voyions le chemin serpenter derrière nous, retrouvions du regard tout notre parcours, à mesure de notre remontée vers ce col juché à 2516 m de hauteur.

Pour nous accompagner dans notre montée, les paysages époustouflants des montagnes découpées en lame de rasoir sur l'horizon, les stries des torrents à leur surface, les glaciers les surplombant, les nuages plus ou moins chargés les frôlant et le jeu de la lumière et des ombres sur leur surface.


Quelques photos de la montée

Nous avons établi un campement non loin du col, à environ 2400 m d'altitude. Au vu des rafales de vent ainsi que de l'altitude, la nuit fut fraiche. Le lendemain, avec seulement quelques mètres à parcourir pour franchir la frontière, nous escomptions nous trouver en Italie avant la fin de la matinée.







Quelques photos
du Col de la Seigne


Par la suite nous sommes redescendus dans la vallée d'Aoste, région autonome italienne, par un petit sentier serpentant dans la Lée Blanche. Quelques fleurs bleutées attirèrent notre attention.

C'est à cause du côté italien que le col de Seigne porte son nom, issu du terme latin sancia, signifiant plaine marécageuse. La terre, du côté italien, était davantage imbibée d'eau et la cause de ce nom se remarque particulièrement à la retenue d'eau du lac Colombal où le marécage s'étire aux abords du chemin niché dans la vallée. Peu après le col on peut remarquer de curieuses habitations semi-troglodytes, maintenant ses habitants au frais l'été et au chaud l'hiver.





Nous continuons notre route, redescendant au fond de la vallée pour remonter de nouveau, atteignant notre 2500 m quotidien au sommet de l'Arp Vieille supérieure, pour redescendre de nouveau sur le chemin de Dolonne et Courmayeur, serpentant sur le flanc des montagnes. On y remarquera des panneaux fort particuliers.

Nous aboutissons finalement au Col Chécrouit, station de ski désertée vu la saison, en surplomb de Courmayeur, où nous passerons notre dernière nuit. Nous profiterons de l'eau issue d'un refuge, qu'on nous laisse prendre après nous avoir fait la mention qu'on la présumait potable, lorsque nous nous en sommes informés. La méprise était là, sans doutes. Nous avons consacré la quatrième journée à la descente vers Courmayeur, vu l'état dans lequel m'avait laissée l'eau du refuge. Non sans déception nous sommes rentrés plus tôt que prévu, mais nous osons dire : Nous reviendrons!


Mer de glace

Voilà qu'hier je me suis trouvée aux abords d'un glacier bien connu, et force est d'admettre, un peu trop visité, qu'est ce bras d'eau glacée s'étirant paresseusement du flanc du Mont Blanc, près de Chamonix.

J'aurais aimé éprouver la fascination mystique de Napoléon III (et de ses 60 guides) face à une immense étendue gelée dont encore aujourd'hui on fait grand cas. Au terme de la montée, on discerne une grande vallée où semblent s'être accumulés gravier et rochers tombés du flanc de la montagne. Erreur : il s'agit du glacier en question. En plissant les yeux, au fil de la descente, on peut discerner le reflet bleuté de la glace sous l'amas rocheux.

Au fil de la descente aussi, au gré des 300 quelques marches aménagées pour la descente vers le glacier, à partir d'une télécabine, on peut apercevoir l'évolution, ou plutôt la régression du glacier. D'abord on évoque l'année 1980. Pas de chance, le glacier est encore loin. De sa position en hauteur, il ne reste qu'un panneau menu, un souvenir vague de son ancienne ampleur. Pourtant, dans les années '80, le glacier était déjà rogné. On a un panneau 2000, 2003, 2005... D'année en année, la fonte semble s'être accentuée. Les escaliers, prolongés pour la énième fois, descendent jusqu'en bas.

Pourtant, dans la longue file qui serpente jusque dans cette vallée qui semble dénudée, on ressent un peu de fébrilité. C'est possible, après tout serait-on en train de cheminer vers un être en voie de disparition, une entité qui bientôt ne sera plus? Assurément. Une merveille de la nature disparue, en tous les cas.

Vu la moquette couvrant le sol de la grotte ainsi que les passerelles aménagées pour que le moins en forme des touristes n'ait pas à se fatiguer ou se mettre en péril, c'est une merveille de la nature tout ce qu'il y a de plus apprivoisée. On pénètre dans les lieux. Éclairage multicolore changeant. "Il y a une boite de nuit, au fond de la grotte?" Vu l'aménagement des lieux, la question a sa place.

On avance. Dans la glace, on a sculpté chambre à coucher de glace, salles de bain de glace, salon de glace avec vaste foyer de glace devant lequel on se bouscule pour prendre des photos. "L'homme a besoin de référents connus pour faire œuvrer son imagination", me souffle-t-on. Pour susciter la féérie, autant que ça ressemble à un salon ou une salle de bain, peut-être.

"L'homme quitte son chez-soi pour en trouver un autre"

Craignait-on de laisser la grotte à elle-même, dans ses atours naturels? Aurait-on eu peur que les touristes blasés se retournent contre les responsables : "Pas assez d'effets, pas assez haut en couleur, il en faut plus pour m'émerveiller, remboursez!"

Tout est joli, d'une beauté cependant trop domestiquée. On ne ressent que peu le poids du glacier qui pèse sur soi, on réfléchit peu à la beauté naturelle de ces glaces qui autrefois furent éternelles. De jolies couleurs, un tour vite accompli. On admire plus qu'on ne pense. Hélas.

On peut se permettre la réflexion, non-incluse dans le forfait. Comme le trajet n'est pas donné, et comme les pensées concernant la mer de glace ne sont pas nécessairement gaies, on les comprend.

Au détour du chemin, on glâne un peu de la beauté des lieux, celle non-aménagée. Sans trop tarder toutefois : on presse un peu derrière, le lieu est achalandé. On capture l'instant et l'image, que faire de plus. Une stalactite de glace près de l'entrée, entourée du halo lumineux de l'orée de la grotte. On savoure l'instant, la présence en un lieu appelé à sa dislocation pour éviter l'accès de mélancolie.

Les gens courent sous un rideau d'eau de fonte près de l'entrée, s'en vont en emportant une ou deux gouttes du glacier avec eux.

Au retour, dans la télécabine, une mère avec sa jeune enfant : "Quel héritage laissera-t-on à nos enfants? En tous les cas, pas la mer de glace. Dans 20 ans, elle aura disparu. Et dans l'état où elle est, je ne la laisserais pas à ma fille." Le plus triste, c'est que l'avenir risque de ne pas lui donner tort.

Prémisse

Eh voilà, ère des communications et surplus de photos oblige, j'ouvre mon petit coin de web pour tout y mettre. Non pas que je ne dispose pas outremer de quelques bouts de papier pour y coucher mes pensées et idées, mais je me décide enfin (maintenant que je me suis habituée aux claviers azerty et que j'ai des photos au point de ne plus m'y retrouver) à faire partager les images de mon "périple", ce petit tour de France-stage que je fais à ma façon.